La grâce - Emmi Valve
Que se passe-t-il dans une psyché qui s’effondre sur elle-même ? C’est à cette question que le témoignage d’Emmi Valve, va tenter de répondre.
Ce récit autobiographique expose la confrontation entre l’autrice et son néant existentiel. Ce vertige intérieur la fait chuter dans le gouffre sans fond d’une dépression sévère. « La grâce » est le récit la rédemption de l’autrice, et de son retour parmi les vivants. Elle est très tôt habitée par la noirceur. A trois ans à peine, elle se remémore avoir subi les premiers symptômes. La « face obscure du monde » se manifeste par des crises d’angoisse, qui la suivent pendant des décennies. Ses nuits sont hantées par des présences ténébreuses, qui sont vécues comme une vraie malédiction.
Emmi se sent en décalage avec les autres. Elle perçoit ses interactions sociales de l’extérieur, telle une téléspectatrice, en observant les autres à travers un écran d’incompréhension. Adolescente, sa découverte de l’ivresse va enclencher un cercle vicieux débutant par son viol, qui se poursuit par sa déscolarisation, sa désocialisation et s’achève par son séjour en hôpital psychiatrique.
Mon activité de créatrice n’a pas bénéficié de ma folie. Je ne suis pas devenue artiste grâce à elle. Mais malgré elle.
La créatrice se livre telle qu’elle est. Sans chercher l’apitoient sur son vécu, mais sans épargner pour autant la dureté de son quotidien. Celui d’une dépression profonde, qui la prive de toute force de vivre.
Cette perdition intérieure, Emmi Valve nous la fait vivre avec intensité. Bien plus qu’un récit vrai, puissant et sincère, c’est surtout le parcours intérieur d’une créatrice talentueuse pour se hisser hors de son propre enfer. Pour cela, elle devra se défaire d’une souillure. Une tâche qu’elle porte en permanence. Une honte indélébile. Une faute immuable. Celle d’exister. La créatrice devra transcender cette culpabilité intense, afin de renaitre.
Bref, La Grâce est un roman graphique très intense, qui nous plonge dans l’intériorité d’un être tourmenté, qui va finir, par enfin vivre.