Chansons françaises de la Grande guerre« Le cri du Poilu » par Coko et Danito
© Médiathèque de Roannais Agglomération Mably
Le cri du Poilu, « chansonnette » de 1915, est l’une des 4 000 écrites par Vincent Scotto.
C’est aussi le titre choisi par les musiciens Corentin Coko et Danito pour leur spectacle présenté à la Médiathèque de Mably le 24 octobre 2018, dans le cadre de manifestations autour du centenaire de la Grande guerre.
Une soirée sous le signe de la bonne humeur
Le duo entre en scène en chemise bleu de France et pantalon rouge garance, prêt à conquérir le public, avec pour armes un accordéon, une guitare, leurs voix et un sens de l’humour à toute épreuve. « Ils ont raison de prendre du bon temps ! Leur gaité touche le cœur des filles ». Dès que retentit ce refrain enjoué des Conscrits, de Gaston Couté, le ton de la soirée est donné : il ne sera pas morose ! Le public, bientôt invité à reprendre en cœur le refrain de J’ai fait mes provisions de Georgius est rapidement conquis.
Des chansons situées dans leur contexte historique et social
Entre deux chansons, Coco et Danito dialoguent avec les spectateurs et apportent des précisions sur leurs auteurs-compositeurs : Charles d’Avray organisait des « conférences chantées » dans toute la France pour exalter l’idéal libertaire, Gilles Bizeau rusait avec la censure ; réformé pour « faiblesse de constitution » il a vécu jusqu’à… 105 ans ! Ils rappellent qu’en 1914, dans un monde sans radio, où les enregistrements sur disques étaient rares et les gramophones réservés à une élite, le chant était omniprésent dans la vie quotidienne des français, non seulement comme amusement et soutien au moral, mais aussi comme vecteur d’informations et d’idées. Au front, c’était l'une des distractions préférées des soldats.
Quand bien même on crèverait tous, elle résisterait elle, puisqu'elle avait tour à tour chanté les plateaux de Lorette, ceux de Verdun, ceux de Craonne. C'est la chanson née du peuple de la guerre. Elle est sans chiqué, sans art, elle est un cri.
Henry Poulaille - Pain de Soldat (1914-1917)
Rares sont les titres de ce répertoire passés à la postérité. Parmi celles encore connues : la Chanson de Craonne, chanson de révolte longtemps censurée car considérée comme « défaitiste » et subversive par les autorités militaires et civiles, et la Butte rouge, de Monthéus, reprise par Yves Montand, Marc Ogeret et Renaud.
© Médiathèque de Roannais Agglomération Mably
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Faire revivre un patrimoine oublié
Pour composer leur spectacle, le duo a donc recherché des trésors oubliés ou inédits archivés à la Bibliothèque Nationale de France, écartant les chansons de propagande patriotiques ou sans grand intérêt artistique, sélectionnant des titres portant des idéaux pacifistes (J’aime bien mieux me taire, La Grève des mères, Militarisme…) ou à tonalité satirique (Révisions, La mitrailleuse expliquée) ou encore poétiques (Si je mourrais là-bas, Bleuet de Guillaume Apollinaire).
Tout au long de la soirée, la complicité sur scène entre les deux musiciens irradie. Elle atteint un sommet avec leur interprétation, plus vraie que nature, des effets du pinard, une chanson à boire de Jean Richepin, ponctuée par les francs éclats de rire du public.