Agapè, danser à l'hôpital-Thierry Thieû Niang
Danseur et chorégraphe, Thierry Thieû Niang a passé 2 ans en résidence artistique dans le cadre du programme interministériel Culture et Santé à l'hôpital Avicenne à Bobigny dans les services d'oncologie et d'hématologie, où il accompagnait les malades.
Sa méthode et son engagement, que ce soient dans des hôpitaux, des prisons, des associations de quartiers en France et à l’étranger sont basés sur la bienveillance, l’attention, la valeur d’une présence signifiée parfois par un sourire, un geste ébauché. Cet ancien psychomotricien devient un confident auquel on s’en remet en toute confiance.
Agapé : accueillir avec amitié
Les portraits des patients, ses propres réflexions éthiques de soignant d’accompagnant constituent des témoignages forts, positifs jamais larmoyants et nous offrent des moments suspendus de partage, d’écoute, d’humanité... Cet ancien enseignant lit des poèmes, des extraits de textes parfois il tient uniquement la main. II peut rester quelques minutes à plusieurs heures. Parfois il montre sur son téléphone un extrait d’un spectacle de danse, une chorégraphie. Il offre apaisement et réconfort : les soignés s’endorment parfois.
Danser c’est toucher et être touché, c’est également donner à partager une émotion qui ne s’exprimerait pas autrement ou ailleurs. C’est renouer avec son histoire passée, retrouver une humanité, un désir, et surtout le sentiment d’être considéré à nouveau, même si ce n’est que le temps d’une danse.
Le soin, c’est d’abord de l’ écoute. Une écoute unique dans sa singularité, sa spécificité et sa propre vulnérabilité. Soigner c’est reconnaitre l’autre, reconnaitre l’humanité commune, reconnaitre l’autre en soi. Danser c’est la même chose.
Danser c’est également résister, surmonter et s’élever par la beauté, l’intention et la force du mouvement. Lorsque ce monsieur figé dans un fauteuil parvient difficilement à redresser son buste et que Thierry lui propose avec délicatesse de déposer sa tête sur son épaule, l’émotion est telle que le silence impose sa règle.
Son art du mouvement se situant à la lisière des mondes de la santé, de l'aide sociale, du soin et de la création peut se comprendre comme un acte politique et éthique puisqu’il honore, incarne et défend les valeurs de dignité, respect et de bienveillance.