The Hope Six Demolition Poject - PJ Harvey

Chaque nouvel album de la papesse du rock anglo-saxon est toujours attendu avec une grande fébrilité...  The Hope Six Demolition Project, son neuvième opus, a prouvé une fois de plus que la discrète Polly Jean savait se renouveler avec brio ; fallait-il en douter ? 

Pendant plusieurs mois, aux côtés de son ami le photographe Seamus Murphy, PJ Harvey a sillonné le Kosovo, l’Afghanistan et les Etats-Unis. Un road-trip et des rencontres restitués dans cet album comme un écho, un carnet de voyage militant qui explore et interroge le monde. Les camps de réfugiés, les zones de guerre, la pauvreté, tout est balancé ici avec une énergie revendicative. Le titre de l’album fait d’ailleurs référence au HOPE VI, programme américain urbain qui, sous couvert de rénovation, ferait de la gentrification à pleine puissance.
Le propos est éminemment politique et certains titres comme Near the memorials to Vietnam and Lincoln font penser aux protest songs de celle qui pourrait être sa grande sœur, Patti Smith.
Musicalement, ce disque est très abouti et foisonnant ; le rock abrupt peut prendre des teintes folk, côtoyer des percussions tribales, des chœurs gospel ou tirer sur le blues. Le saxophone -  premier amour de la chanteuse - est ici roi, placé dans un assemblage de cuivres qui réchauffent façon joyeuse fanfare. L'ensemble est ponctué par des claps de mains qui lui donnent un esprit très choral. Pour l’enregistrement, PJ Harvey s’est entourée des fidèles Flood et John Parish et elle a proposé à son public d’assister aux sessions à Londres, posté derrière une vitre sans tain.

Il y aura toujours les puristes de la période pré-2000 pour regretter les guitares nerveuses, la tension sauvage et sexuelle d’un Rid of Me ou de Dry... Mais la petite brune du comté du Dorset est l’une des rares qui, à l’instar d’un Bowie, peut traverser les décennies sans tomber de son piédestal, caméléon faisant évoluer son oeuvre sans renier ses bases, totalement rock'n'roll.

Cécile