Le tunnel végétal - Thousand

Trois ans après un album éponyme au folk sobre et élégant, Thousand opère une mue complète, version pop française, avec un disque hors-normes et atypique sorti chez Talitres, l'audacieux petit label de musique indépendante.

Celui qui s’appelle en réalité Stéphane Milochevitch est un multi-instrumentiste autodidacte et un illustrateur touche-à-tout ; son imaginaire se nourrit autant de l’art byzantin que des peintres de la Renaissance ou des arts populaires d’Amérique Latine… Autant d'influences qui se retrouvent et résonnent dans ce Tunnel végétal, disque étonnant et ultra-séduisant, irrigué par une atmosphère enveloppante et mystérieuse. 

Thousand puise dans ses rêves et nous les restitue par une écriture très cinématographique dans laquelle le réel se superpose à la fiction. Troublant, forcément. La filiation avec Bashung est frappante sur certains passages (L’Acte de, La relève), Murat n'est jamais très loin non plus, mais Thousand imprime son identité : éthéré, doux et brut, cru et poétique, surréaliste. Certains titres sont aériens et entêtants (La Vie de mes sœurs, Ma Vénus) ; quand le très puissant Le nombre de la bête se rapproche plus d’une transe…
Inventif et audacieux, ce garçon n’a peur de rien, ce qui donne des répliques déjà cultes : « J'ai lu l'avenir du monde dans ton regard, Je jure sur la tête de Robert Ménard ». Et c'est avec un malin plaisir qu'il nous laisse sans réponse face à cette question lancinante : « Qu’est-ce que tu caches papa, dans le coffre de la Xantia ? ».
Jonathan Morali (Syd Matters) et Olivier Marguerit (O) – qui a la bonne habitude d'accompagner la fine fleur de la pop française - ont orchestré un album aux arrangements subtils où les tonalités électro-pop s’emmêlent avec la douceur des chœurs.

Il faudra sans doute plusieurs écoutes pour saisir toute la richesse et l’intensité bouillonnante de ce disque-jungle aux ramifications infinies… Obsédant.

Cécile