Paradis - Recto Verso
L’album Recto Verso, premier et unique album studio du duo Paradis, groupe français de musique électro formé en 2011 par Simon Mény et Pierre Rousseau, est un bijou musical aux instrumentales et mélodies enivrantes. Sorti en 2016, cet album tantôt synthpop, chanson française, deep house, est le disque idéal pour se lover dans sa bulle le temps de 12 chansons.
Les coups de foudre n’arrivent pas seulement en amour. En effet, lors d’une soirée à Paris chez un ami en commun fin 2010, Simon Mény, violoniste de formation et Pierre Rousseau, pianiste en autodidacte se rencontrent et ne se lâchent plus. Ils se mettent d’emblée à jouer ensemble de la musique, à créer leur esthétique: une house music mélodieuse agrémentée de belles strophes en français.
Le premier extrait de cet album, « Toi et moi » confirme ces dires. Cette douce ballade conte l’histoire d’amour de deux personnes qui se retrouvent et n’arrivent pas à exprimer ce qu'elles ressentent. Naît un sentiment familier à l’écoute de ce morceau, de déjà vu réconfortant et enivrant accentué par des doux sons de synthétiseur qui ne sont pas sans rappeler les mélodies des années 80, un plongeon direct au cœur de la piste de danse.
Ça te fait pas ça, Quelque chose en toi, Quand nos passés se répondent, Et qu’on s’retrouve juste, Toi et moi ? Mais moi je fonds, je me reconnais pas, Quand tu te détaches, Et que les mots ne viennent pas.
Se dessine alors la marque de fabrique de Paradis : des instrumentales envoutantes qu’il est difficile de toucher terre à l’instar d’« Instantané ». Ce morceau débute sur une musique quasi arienne, sublimée ensuite par une voix chantée imprégnée d’une sincère timidité qui confère à la chanson, le caractère d’une douce confession. En effet, les paroles sont autant importantes dans l’œuvre de Paradis que leurs instrumentales et ce n’est pas le titre « Recto verso » qui l’affirme. Le morceau dont l’album tire son nom, dénonce sans être accusateur, cette société de paraître, les injonctions imposées pour « s’assurer » une place.
C'est sophistiqué en surface, calibrée
Précisément pour te donner un peu plus de classe
Une analyse plus poussée des textes, accentue la volonté du groupe de montrer l’envers du décor. « Miroir (un) » et « Miroir (deux) » en sont les parfaits exemples. Ces deux titres évoquent la vulnérabilité sous différents aspects en tant qu’individu et en tant que membre d’un groupe à travers la métaphore du miroir et de l’image du double qu’il renvoie. Le premier morceau est plus lent comme s’il faisait un constat, le deuxième quant à lui est plus énergique et évoque une prise de conscience.
Paradis sait inventer et réinventer. Dans « Garde le pour toi », le groupe met en avant un sample de la chanson « Déclaration de sinistre » (1974) de Brigitte Fontaine. Cette chanson qui contrairement à ce que pensent beaucoup d’auditeurs, ne parle pas d’amour mais d’une rupture amicale. Elle marque une différence avec les autres pistes plus dynamiques et prouve que Paradis ne se cantonne pas uniquement au côté « dansant » de l’électro.
Cet album est l’équation parfaite pour passer un merveilleux moment : instrumentales travaillées et captivantes, textes accrocheurs et sincères et le plus important: deux artistes de talent. Le groupe étant séparé depuis 2017 à titre provisoire, Simon Mény et Pierre Rousseau ne laissent pourtant pas leurs fans en reste avec de beaux projets individuels.