Sacrificium - Cécilia Bartoli
Cécilia Bartoli se travestit en homme, revêt des habits d’apparat et impose sa souveraineté lyrique pour faire revivre la magnificence de la musique baroque écrite pour les castrats.
Du XVIe au début du XXe siècle, de jeunes garçons sont castrés avant leur puberté, afin de conserver à l’âge adulte une tessiture aiguë alliée à la capacité thoracique d’un homme. Cette pratique répond à l’écriture de partitions périlleuses pour soliste, exigeant une longue formation que les garçons peuvent commencer plus tôt que les filles, ainsi qu’à l’injonction du pape Clément IX faite aux femmes en 1668, de ne pas interpréter les chants d’église.
Naples devient la capitale de la formation des castrats avec jusqu’à 3 000 enfants castrés par an. Sacrificium, sacrifice, les sacrifiés, seulement quelques-uns deviennent célèbres, à l’instar de Farinelli, Caffarelli, Salimbeni, Appiani et Porporino.
Parmi les centaines d'œuvres composées pour ces artistes, Cécilia Bartoli accompagnée d'Il Giardino Armonico dirigé par Giovanni Antonini, en retient onze, composées par Giacomelli, Handel, Caldara ou encore Porpora, le professeur napolitain surnommé le “créateur de voix”.
Elle en offre des interprétations d’une virtuosité stupéfiante en jonglant avec les tessitures de contralto, mezzo-soprano et soprano rehaussées de superbes graves ainsi que de larges mélismes. Et ce n’est pas tout, car en effet que serait la technique sans émotions ? La cantatrice nous emporte dans un tourbillon de tendresse, mélancolie, tristesse, drame, détermination, joie, rage, qui font vibrer le corps autant que l'âme de l’auditeur.
Il y a quelque chose de surhumain dans le répertoire des castrats, quelque chose qui dépasse la nature affirme l’historien de la musique Patrick Barbier, à n'en pas douter, Cécilia Bartoli est surhumaine.