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Tokyo Tarareba Girls - Akiko Higashimura

Tokyo Tarareba Girls

Higashimura, Akiko 1975 - ...
le Lézard noir

Est-ce qu'il ne serait pas temps d'arrêter de refaire le monde avec des "si" ?

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Y a qu'à faire ci, faut qu'on fasse ça... Rinko, Kaori et Koyuki, 33 ans, passent des soirées arrosées à se rassurer mutuellement. Un énième soir à raconter leurs déboires, un jeune homme agacé par leur braillerie n’hésite pas à les ridiculiser et les insulter de vieilles « y-a-qu’à-faut-conne » avant de quitter le bar. Son intervention est un coup de massue. Alors qu’elle pensait avoir tout son temps Rinko réalise qu’elle doit se dépêcher si elle ne veut pas finir sa vie seule.

Essentiellement connue en France pour Princess Jellyfish ou encore Le tigre des neiges, Akiko Higashimura est une mangaka prolifique plusieurs fois récompensée au style graphique marqué.

Très populaire lors de sa sortie en 2014 au Japon, Tokyo Tarareba Girls ou littéralement en français « Les filles “et si et si” de Tokyo » est un manga en neuf tomes édités chez le Lézard noir. Cette comédie romantique est une vraie critique de la société japonaise. D’ailleurs, la mangaka s’est inspirée directement des plans sur la comète que pouvaient lui conter ses amies pour nous offrir ces portraits décalés et hilarants de trentenaires célibataires tokyoïtes biberonnées à la pop culture des années 90 dans une société toujours plus à cent à l’heure.

Les personnages enchaînent les péripéties dans des mises en scène rocambolesques. Les pages sont truffées de jeux de mots et de références culturelles. Un vrai parcours du combattant pour la traductrice Miyako Slocombe qui a réussi le défi avec brio. Cela lui a valu le prix Konishi du Festival d’Angoulême 2021. En effet, le titre même de la série est une référence à un tube japonais des années 60 et servira tout le manga. « Tarareba » est la forme conditionnelle du japonais : la conjugaison favorite de nos trois héroïnes qui passent leur soirée au bar à refaire le monde avec des « Et si » et d’autres « Il faudrait ». C’est également la laitance de morue (tara) et le steak de foie (reba) que savourent et hallucinent Rinko et ses amies.

Un véritable univers décalé s’offre à vous. Loin des héroïnes niaises et sainte nitouche des histoires pour adolescentes, Tokyo Tareba Girls montre des femmes indépendantes qui n’ont pas leur langue dans la poche. Rinko, scénariste freelance de séries web, ne sait pas vraiment ce qu’elle veut en amour. Kaori est prothésiste ongulaire et n’arrive pas à oublier son ex musicien. Enfin, Koyuki travaille avec son père dans le bar de la famille et est confronté à un dilemme suivre son cœur ou sa morale. Toutes les trois seules en amour, elles se font rattraper par les attentes de la société. Au Japon, il est mal vu pour une femme de 30 ans d’être encore célibataire. Un dicton dit même que les femmes sont comme le gâteau de Noël, périmé après le 25. Un peu l’équivalent de la Sainte Catherine et ses catherinettes en France.

Ce manga traite, sous le ton de l’humour et du sarcasme, le tourment qu’une femme peut ressentir entre le regard des autres, ses aspirations de jeunes filles et la réalité qu’elle vit. On s’identifie facilement aux personnages qui deviennent nos bonnes copines au fil de l’histoire. On compatit, on s’énerve, on doute et on rit avec elles. Une vraie lecture feel good à la Sex and the city.

 

 

 

Livre
BD/Manga